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Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/182

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que la très chère m’a donné, — lirelirelé ; gratte-moi le nez ; voici mon cœur, ce damné — avec, décemment, sur ma tête, quelque chose de sombre et de surnaturel, je désirerais un météore aussi ténébreux que possible, du prix de seize à dix-huit francs.


II


Ayant chassé sur ses coulisses la glace sans tain d’un placard où des hauts-de-forme étagés dormaient immobiles sur leurs ailes, tels de gros oiseaux au repos, le chapelier, d’une main que guidait l’expérience et la longue pratique des choses, prit un chapeau dont il coiffa Roté.

— Voici qui va des mieux, dit-il.

Dehors, l’accalmie s’était faite. Le beau temps remplaçait l’orage, et, à travers les brumes d’une bouderie dernière, le rire, l’adorable rire, du soleil réconcilié, était celui d’une jeune épousée à travers les gazes de son voile. Roté, qu’un fiacre attendait à la porte, la roue dans la boue du ruisseau, régla son dû, se retira… et passa sous la bâche baissée de la boutique au moment où la boutiquière en soulevait avec un balai le fond bombé comme un hamac et gonflé d’eau comme une ampoule. Ça ne traîna pas. Une cataracte culbutée en dévala à l’instant même sur le chapeau neuf de Roté, qui ne se livra d’ailleurs à aucun commentaire, étant ennemi, par principe, des démonstrations superflues et des paroles inutiles. Simplement, il rebroussa chemin, réintégra la chapellerie, et, au chapelier un peu étonné de le revoir :

— Afin, dit-il, de me rendre au rendez-vous que m’a donné Mme de Proutrépéto — lirelirelo, gratte-moi le dos, mon cœur