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PROLOGUE

Mise en présence, pour la première fois, de Totote et de Micheline dont les amants se sont rencontrés au café.

Présentation, par ces messieurs, de ces deux dames l’une à l’autre. Grande froideur chez chacune d’elle ; salutations à peine indiquées ; attitudes méfiantes de jeunes fox qui se trouvent brusquement nez à nez et se tiennent sur la défensive.

— Qui est cette intruse ?

— Que nous veut cette iconoclaste ?

« Les femmes, dit Dumas, sont ennemies ou complices. »

Que sera Micheline pour Totote ? Que sera Totote pour Micheline ?

Faut voir ! Faut voir !

Laissons le temps faire son œuvre.


PREMIER ACTE

Le dégel.

Totote s’apprivoise ; Micheline dépose les armes avec une prudente lenteur. En fait, ces aimables personnes mettent une certaine vanité à faire montre de leur bonne grâce.

Demi-sourires ; ébauches de démonstrations amicales ; on pourra finir par s’entendre. Totote a d’ailleurs un « air franc » qui va au cœur de Micheline ; Micheline, de son côté, a un « air distingué » qui flatte sournoisement, en Totote, des instincts de grande dame méconnue. Avec cela, on s’est, – ô surprise ! – découvert des amies communes, et on est – ô étonnement ! – tombé d’accord pour les chiner.

Totote et Micheline sentent germer en soi des sympathies de caractères.