Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/77

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Décor : la cour des Messageries. Au fond, le large porche ouvert sur le grouillement animé du dehors. À gauche, des portes peintes, laissant voir des intérieurs d’écuries.

La pièce marche. Rien n’est changé. Soudain, à la cantonade, éclate une fanfare joyeuse !… C’est le coche de Poitiers qui arrive. Tumulte. La foule envahit le théâtre. « C’est le coche de Poitiers… », et cætera, et cætera. Entrée (à droite) des portefaix ; (à gauche) des parents empressés à revoir ceux qui leur sont chers. À l’oreille de Robert Cozal chantent, en chœurs tout improvisés, les parents et les portefaix.


Les Portefaix

C’est nous les portefaix, qui, sur nos dos puissants,
Supportons des poids de cinq cents.


Les Parents

Bonheur de revoir ceux qu’on aime !
Le coche arrive à l’instant même ;
Et nous pourrons dans un instant
Embrasser ceux que nos cœurs aiment tant.

Sous le porche, brusquement, la malle ! La foule se précipite : « C’est elle ! » Sons de trompe, coups de fouet, grelots ! La lourde voiture descend en scène, tourne et fait halte devant la boîte du souffleur ; après quoi – chose délicieuse !… – apparaît Mme Brimborion dans le cadre étroit de la portière ! Le bout de sa petite patte hors la jupe et reposé au marchepied de la guimbarde, sa frimousse à peine devinée sous l’avancement du capuchon dont elle enveloppe son escapade, elle dit son émotion de petite provinciale échouée dans une ville immense, puis elle s’exclame, épouvantée :


          Sarpejeu !