Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/85

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a elle-même fait couler. Une amertume aux lèvres, le front lentement balancé d’une personne qui connaît la vie et en salue les petites lâchetés au passage :

— Hein, ça pèse lourd, la douleur ! dit cette oie tintée de belles-lettres.

Cozal, qui mordait dans son pain, laissa tomber ses paupières sur la noire détresse de ses yeux. À son tour il inclina le front, et pendant un instant, l’un en face de l’autre, ils furent pareils à ces petits Chinois de porcelaine que l’on voit s’approuver gravement aux deux bouts d’une frêle étagère.

Elle vous a plaqué, au moins ? fit l’intéressante Victoria qui ajouta, histoire de payer son écot : « Une de perdue, dix de retrouvées. Faut pas se faire de bile pour ça. »

— Celle que j’ai perdue, et perdue par ma faute, répondit Cozal la bouche pleine, est de celles qui ne se retrouvent jamais !

— Ah !

— Oui.

— Parions que vous avez fait des blagues, dit-elle alors, et que vous vous êtes fait pincer ?

Si gravement et avec un accent de si sincère douleur, il dit ce simple mot : « Tu parles ! » qu’ils ne purent s’empêcher de rire. Pourtant l’entendant ajouter : « Je ris, je n’en ai guère envie ! » :

— Voyons, continua-t-elle, causons. Il ne faut pas se frapper, non plus. Qui est-ce, cette dame ?

— Une femme mariée.

— Quel âge a-t-elle ?

— Trente-deux ans.

— Petite ?

— Grande.