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Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/141

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chambranles de la mansarde qui était son humble bureau, et dans lesquelles, sitôt les primes tiédeurs de mars, il semait le volubilis traditionnel et le classique haricot d’Espagne. Car il avait, ainsi que tout vrai Parisien, la passion ingénue et émue de la verdure.

Il enjamba la fenêtre.

La gouttière qui le reçut avait la largeur d’un chemin de ronde.

Penché sur l’une de ses caisses il commençait d’en effriter la terre, d’un doigt léger qui découvrait pour les recouvrir aussitôt les énormes haricots aux robes d’évêques tachetées d’ébène luisante, quand de l’intérieur du bureau, une voix jeune et qui riait le héla :

— Tiens ! tu es perché, bel oiseau ?

Lui regarda.

— Gabrielle !

Mon Dieu, oui, c’était Gabrielle ; et avec elle l’immense allégresse du renouveau nichée aux plis du damier blanc et noir qui moulait ses bras et sa taille. Une grappe de lilas la coiffait, et elle se moquait, le nez haut, disant :

— Descends donc, grand bêta ; tu vas te jeter à la rue.