Aller au contenu

Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’heureuse exploitation, au profit de tout le monde, de la vanité de deux crétins.

Il poursuivit :

« — Mais quoi ! conviendrait-il de s’éterniser en de vains et stériles regrets ? C’est, messieurs, ce que je ne crois pas. J’honorerais mal la mémoire de celui dont l’âme, à présent, flotte par les libres espaces, si, pliant sous le faix de ma douleur, je négligeais les intérêts d’une maison qui lui fut chère. La vie a ses exigences ; elle veut que la dépouille des morts concoure au bien-être des vivants : je le déplore, bien que n’y pouvant rien. J’ai cru, dès lors, devoir précipiter les choses et ne point ajourner, pour des raisons de pur sentiment, une répartition de fonds dont le besoin depuis si longtemps s’imposait. Cette répartition, que je me suis efforcé de rendre aussi équitable que possible, je vais vous en donner connaissance. »

Ici, le silence devint tel, qu’on eût entendu un cloporte grimper au cadre de la glace. L’orateur vient à son bureau. Il y prit une feuille de papier qui s’y étalait au sein de multiples paperasses, l’éleva jusqu’à ses yeux et lut :