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Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/254

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— Eh bien ! en voilà un bouzin ! s’exclama le chef du matériel ! C’est inouï, une boîte pareille !

— Nom de Dieu ! voulez-vous fermer la porte, lança le trombone de Derouet. Faut-il que j’aille vous mettre la tête dans un seau pour que vous vous décidiez ?

Le patron de la Crécelle était debout sur une table qu’il venait de prendre d’assaut. En des lacs de bière répandue, les semelles de ses bottes baignaient, et de la main, une main blanche et grasse, aux ongles roses de petit marquis, il faisait tournoyer dans le vide un énorme gourdin de hêtre. Entre le col lâche de sa chemise et les ailes déployées de son feutre, sa belle tête de chouan résolu apparaissait toute bleue aux joues.

Lahrier ouvrait la marche.

— Avançons ! lui jeta à l’oreille Gripothe qui venait derrière lui et commençait à avoir peur. Ce gaillard-là serait capable de nous faire marcher à coups de trique.

— Vous en parlez à votre aise, dit Lahrier. Enfin, essayons toujours. Quelle cohue !…

Ils firent un pas. Les cris de « Chapeau ! » redoublaient. Ils durent, pour avoir la paix, toucher les bords de leurs coiffures, ce qui détermina un