Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/44

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ne saurait dire si elle est plus grotesque que lugubre ou plus lugubre que grotesque ! C’en est assez, c’est assez, vous dis-je, je vous dis que c’en est assez sur ce sujet ; passons à d’autres exercices. Désormais c’est de deux choses l’une : la présence ou la démission, choisissez. Si c’est la démission, je l’accepte ; je l’accepte au nom du ministre et à mes risques et périls, est-ce clair ? Si c’est le contraire, vous voudrez bien me faire le plaisir d’être ici chaque jour sur le coup d’onze heures, à l’exemple de vos camarades, et ce à compter de demain, est-ce clair ? J’ajoute que le jour où la fatalité — cette fatalité odieuse qui vous poursuit, semble se faire un jeu de vous persécuter — viendra vous frapper de nouveau dans vos affections de famille, je vous ferai flanquer à la porte, est-ce clair ?

D’un ton dégagé où perçait une légère pointe de persiflage :

— Parfaitement clair, dit Lahrier.

— À merveille, fit le chef ; vous voilà prévenu. Et vous savez, n’ayez pas l’air de vouloir faire le malin, ou ça va…

Il s’interrompit, averti par un « hum » discret, d’une présence insoupçonnée. Lahrier, du même coup, avait tourné la tête, et tous deux ils fouillaient