Page:Courteline - Un Client sérieux, 1897.djvu/147

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Le cabinet de consultations de Mme Prudence, somnambule.

Ameublement d'un rococo à tirer les larmes des yeux. Sièges de velours sang-de-boeuf passé, aux dossiers d'acajou hérissés de tête de sphinx. Sur la cheminée, une pendule Empire, dont le cadran d'acier bruni marque l'heure, entre quatre colonnettes d'albâtre qui ont l'air de vouloir le mener au poteau d'exécution. Sur la commode, de chaque côté d'un petit coffret caparaçonné de coquillages, deux hauts bouquets s'épanouissent en des vases de porcelaine cerclés d'or. Au mur, des diplômes encadrés.

Près de la fenêtre que masquent d'épaisses mousselines, Mme Prudence, au sein d'un fauteuil Voltaire, sirote un petit verre de cognac. Ses mains potelées de matrone bien portante reposent sur ses vastes cuisses. Elle a les pieds sur une chaufferette. Soudain, coup de sonnette. Précipitamment, Madame Prudence cache son petit verre et feint d'être plongée en un profond sommeil.


Scène première et unique

M. Ledaim, que vient d'introduire une bonne au service de Mme Prudence. --- C'est ici le sanctuaire!... (Il ôte son chapeau.) Certes, je ne suis pas poltron; ça ne fait rien; je