Page:Courteline - Un Client sérieux, 1897.djvu/151

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dence. --- Pourriez-vous me confier... un objet... ayant appartenu à cette personne?

Monsieur Ledaim. --- J'ai apporté ça.

Il tire de son portefeuille un de ces petits peignes de poche dont se servent les femmes pour se lisser les tempes, rétablir sur leurs fronts le bel arrangement de leurs frisettes, et le livre à Madame Prudence qui y laisse errer ses doigts.

Deux minutes s'écoulent. Grand silence. On entend distinctement battre le coeur de Monsieur Ledaim.

Madame Prudence. --- ... Je suis fatiguée... Je vois mal... Aidez-moi.

Monsieur Ledaim. --- Comment faut-il faire?

Madame Prudence. --- ... Condensez votre volonté... Amenez-en sur moi tout l'effort...

Monsieur Ledaim condense sa volonté. Il pince les lèvres. Sur ses yeux en boules de jardin, ses sourcils s'abaissent pesamment, comme des devantures de boutiques. Son visage tendu et dur évoque le masque d'une personne atteinte de constipation, qui se consume en efforts stériles.

Madame Prudence. --- Ordonnez-moi de voir.

Monsieur Ledaim. ---