Page:Courteline - Un client sérieux, 1912.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C'est consigné à mon rapport.

Boissonnade, feuilletant le dossier. --- Je vois, je vois; seulement, de l'humeur dont je vous sais, pouvant, d'une part, suspecter à bon droit une susceptibilité toujours prête à prendre la mouche, d'autre part connaissant le baron comme je le connais, j'en arrive à me demander quel concours de circonstances a pu pousser à un tort aussi grave un homme si paisible et si doux, l'expression même du savoir-vivre, de la courtoisie et de l'aménité. -- Moule?

Le gendarme. --- Moule.

Boissonnade. --- Le diable m'emporte si j'y comprends un mot.

L'huissier, entr'ouvrant la porte. --- M. le baron Larade est là.

Boissonnade. --- Ah! -- qu'il entre. -- C'est bien, gendarme. Je vous rappellerai tout à l'heure.


Scène II

Le baron, Boissonnade

Boissonnade, qui va au baron, la main tendue. --- Bonjour, baron. Entrez donc, je vous prie.

Le baron entre. La porte se referme derrière le dos du gendarme qui sort.

Le baron, piteux. --- Vous allez bien?

Boissonnade. --- Moins bien que vous. En voilà une aventure! Vous insultez la gendarmerie, à présent!

Le baron. --- Ne m'en parlez pas!

Boissonnade. --- C'est vrai, alors?

Le baron. --- Ce ne l'est que trop!

Boissonnade. --- Vous avez qualifié de moule le gendarme Labourbourax?

Le baron, d'une voix morte. --- Oui, monsieur le procureur.

Boiss