Page:Courteline - Un client sérieux, 1912.djvu/63

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n délicat, qui s'en remet presque à votre discrétion, qui n'a pas trop sucré votre tasse de thé, qui ne vous a pas versé toute la bouteille de rhum, et vous vous plaignez? Allons, vous êtes un ingrat.

Monsieur Ledaim. --- Il suffit! -- Voilà dix louis! Vous êtes le dernier des drôles!

Le monsieur, un doigt en l'air. --- Une parole de trop.

Monsieur Ledaim. --- Vous dites?

Le monsieur, se levant. --- Je vous dis que, depuis un quart d'heure, je pardonne à votre jeunesse l'incorrection de votre attitude dans une maison où vous vous présentez pour la première fois. Mais enfin, le moment est venu où ma dignité est en jeu. (Mouvement de M. Ledaim.) Plus un mot! Vous trouverez bon que je ne vous retienne pas à dîner.

Long temps. Les deux hommes se regardent, dans les yeux. Puis, les épaules secouées d'un haussement dédaigneux, le monsieur se dirige vers un timbre et sonne. Entre Bernard.

Le monsieur. --- Bernard, remettez à monsieur son chapeau et son pardessus. (Bernard obéit.) Bien. Montrez-lui par où l'on sort. (Bernard, du doigt, indique la sortie à M. Ledaim.) C'est cela. S'il revient pour me voir, vous lui direz que je suis souffrant. (Avec la plus grande noblesse.) Je n'y serai jamais pour lui.

Monsieur Ledaim, sur le seuil de la porte. --- J'ai vu des gens avoir du culot, mais pas dans ces proportions-là!

Il sort, suivi de Bernard.


Scène IV

Le monsieur, la dame


Le monsieur, avec un soupir de soulagement. --- Ah!... Bernard!... (A Bernard qui reparaît.) Mes pantoufles.

Bernard les lui apporte.

La dame, montrant le bout de son nez par l'écartement des rideaux de la chambre. --- Parti?

Le monsieur, qui se déchausse. --- Parti.

La dame. ---