Page:Cousin - De la métaphysique d’Aristote, 1838.djvu/142

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chitecte au manœuvre et la théorie à la pratique. Il est clair d’après cela que la sagesse par excellence, la philosophie[1] est la science de certains principes et de certaines causes.


CHAPITRE II.

Puisque telle est la science que nous cherchons, il nous faut examiner de quelles causes et de quels principes s’occupe cette science qui est la philosophie. C’est ce que nous pourrons éclaircir par les diverses manières dont on conçoit généralement le philosophe. On entend d’abord par ce mot l’homme qui sait tout, autant que cela est possible, sans savoir les détails. En second lieu, on appelle philosophe celui qui peut connaître les choses difficiles et peu accessibles à la connaissance humaine ; or les connaissances sensibles, étant communes à tous et par conséquent faciles, n’ont rien de philosophique. Ensuite on croit que plus un homme est exact et capable

  1. σοφώία. Ce mot correspond à celui de σοφός, employé plusieurs fois précédemment et toujours traduit par sage. Mais si on traduit ici σοφώία par sagesse, on risque de s’écarter du vrai sens d’Aristote qui, de degré en degré passe du sens populaire de σοφώία à son sens élevé qui est la sagesse véritable, la philosophie. Voyez Rapport, p. 43 et 62-63.