Page:Cousin - De la métaphysique d’Aristote, 1838.djvu/191

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on ne le peut que pour les substances ; de sorte que rechercher les éléments de tous les êtres ou s’imaginer qu’on les connaît, est une chimère. Et puis, comment pourra-t-on apprendre quels sont les éléments de toutes choses ? Evidemment, il est impossible alors qu’on possède aucune connaissance préalable[1] ; car quand on apprend la géométrie, on a des connaissances préalables, sans qu’on sache d’avance rien de ce que renferme la géométrie et de ce qu’il s’agit d’apprendre ; et il en est ainsi de tout le reste ; si donc il y a une science de toutes choses, comme quelques-uns le prétendent, il n’y a plus de connaissance préalable. Cependant, toute science, aussi bien celle qui procède par démonstration[2] que celle qui ni procède par définitions[3], ne s’acquiert qu’à l’aide de connaissances préalables, totales ou particulières ; car toute définition suppose des données connues d’avance ; et il en est de même de la science par induction[4]. D’ailleurs, si la science dont nous parlons était innée en nous, il serait étonnant que nous pos-

  1. En effet, vouloir remonter aux élémens de toutes choses et expliquer tout, c’est ne s’arrêter à rien et détruire, par des explications à l’infini, les bases mêmes de toute explication : à savoir, les données, les principes, les connaissances préalables dont il faut partir dans toute science, comme il est montré plus bas.
  2. Δι’άποδείξεωι.
  3. Δι’όρισμών.
  4. Δι’έπαΎωΎής.