Page:Cousin - De la métaphysique d’Aristote, 1838.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un côté la forme, de l’autre la privation ; le troisième principe est la matière.


CHAPITRE III.

De plus, ni la matière ni la forme ne tombent sous la génération ; j’entends la matière et la forme primitives. En effet, tout changement suppose un sujet, une cause et un but. La cause est ici le premier moteur, le sujet est la matière, le but est la forme. Or, on se perdrait dans l’infini, si l’on admettait que ce qui tombe sous la génération, ce n’est pas seulement l’airain cylindrique, mais la forme cylindrique et la matière de l’airain en elle-même : il faut donc s’arrêter. Ensuite toute essence vient d’une essence de même ordre. Car les choses naturelles ne sont pas seules des essences ; il y a des essences qui viennent de l’art, d’autres de la nature, d’autres de la fortune, d’autres du hasard. Dans l’art, le principe producteur est différent de l’objet qu’il produit ; il lui est identique dans la nature ; en effet, c’est l’homme qui engendre l’homme. Quant aux autres causes, elles sont des privations de ces deux là.

Il y a trois sortes d’essences ; la matière, qui n’est quelque chose de déterminé que parce qu’elle