Page:Couté - La Chanson d’un gas qu’a mal tourné.djvu/132

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Ah ! queu coup qu’c’est pour li, pauv’e propriétère !
C’tte gaup’ qui l’fait cocu ! C’tt enflé qu’a mal tourné !…
Queu coup ! Sa femm’ déborné, son gas déborné !…
D’ell’-même, eune larme s’en hasarde au long d’son nez.
Mais quoué ! tout est pas pardu : la récolte pousse
Ent’ les quat’ born’s qui rest’nt planté’s au creux d’sa terre,
Et soun œil roug’ s’adoucit d’vant la mouésson douce.

…I’ s’couche et passe un quarquier d’nuit assez tranquille ;
Mais l’cauch’mar l’empougne à la fin d’son premier soumme :
I’vouét la terr’ qui s’enlèv’ par-dessus les bornes
Coumme aux pays chauds, quand la mer engouff’ les îles,
Et l’blé qui mont’, qui mont’, qui monte à grands flots roux,
Mêlant la part de l’un à la part de tertous !
Ah ! ce rév’ !… Ce mèm’ rév’ qui barce les sans-l’sou !
Ce rév’, qu’était qu’un rév’, coumm’ les rév’s qu’on peut faire…
Ce rév’ a fait querver l’pauv’er propriétère.