Page:Couté - La Chanson d’un gas qu’a mal tourné.djvu/34

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préférences : il me suffit du livre qu’il a laissé. Écrit en français, les angles durs en eussent été émoussés, et la vielle chanterait comme un accordéon. Elle reste vielle. Ce n’est pas elle qu’on entend chez Balzac plus que chez Zola, qui ne se sont arrêtés parmi les ruraux qu’en passant. Couté, lui, n’a pas besoin de s’y arrêter ; même à Paris, il vit de leur vie même. Il l’y a apportée avec lui, et il ne s’en est défait que contraint par la mort.

Je dis Balzac et Zola. Je pourrais ajouter des noms d’écrivains, régionalistes ou autres, qui plus ou moins se sont spécialisés dans la description des mœurs rurales. Non ! rustiques. Couté ne décrit pas : il chante. Poète lyrique, il n’a pas à construire le milieu ; il le suggère. C’est là qu’il me faudrait le comparer à d’autres qui, dans les cabarets, l’auraient précédé ou coudoyé ; du double fait, soit de mon ignorance en cette matière, soit de l’absence probable d’éléments de comparaison, je ne puis parler que de lui.

Ses thèmes sont simples comme la vie. Le drame ne fait qu’y affleurer. Lui, d’abord, et son histoire est celle de plus d’un. Rancœurs du fils d’un meunier qui voudrait vivre libre sans pâtir de la faim ; la vie « honnête », étayée du mariage, lui sourirait, mais il se refuse à patauger dans la bassesse ou dans la crapulerie. Les