Page:Couté - La Chanson d’un gas qu’a mal tourné.djvu/40

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artistes ont eu, sinon le mérite, le pouvoir de parler de l’Homme, à l’instar, très exactement, des tragiques, des comiques, des lyriques, et même de ceux que nous sommes convenus d’appeler moralistes. Halte-là ! Je n’accablerai point Couté sous le pavé de l’ours. Je ne songe à l’égaler à aucun des grands écrivains de France ni d’ailleurs : je dis seulement qu’il est de leur race. Un coteau est déjà l’ébauche du mont Blanc, ou, si l’on préfère, parce qu’il est plus lointain, du Gaurisankar.

Couté est ainsi fait que son meilleur moyen d’expression est le patois de son pays natal. Avant la récente guerre, du point de vue de l’esthétique pure ou simplement pratique, on était relativement autorisé à regretter qu’un écrivain usât de l’argot de Paris ou de tel patois plutôt que du français tel que pouvait le comprendre un lycéen des Basses-Alpes ou du Finistère, des Hautes-Pyrénées ou des Ardennes. Aujourd’hui, n’allons pas pour si peu chercher chicane à Couté. Qui nous dit que, en face de la langue internationale qui s’élabore sous nos yeux et à nos oreilles, dans un siècle le français de nos grands écrivains ne fera point figure de patois, c’est-à-dire de parent pauvre ? Il y en a déjà plus d’un signe. Mis à part quelques mots dont le sens, au surplus, jaillit du contexte, le patois de Couté est tout aussi intelligible que le fran-