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CHAPITRE II

DALGARNO[1]

La langue philosophique de George Dalgarno est surtout un vocabulaire fondé sur une classification logique de toutes les idées[2]. Les 17 classes suprêmes sont désignées par 17 lettres dont chacune sera l’initiale de tous les mots de la classe correspondante. En voici la liste, qui donne en même temps l’alphabet de la langue :

A Êtres, choses.
H[3] Substances.
E Accidents.
I Êtres concrets (composés de substance et d’accident).
O Corps.
Y[4] Esprit.
U Homme (composé de corps et d’esprit).
M Concrets mathématiques.
  1. Ars Signorum, vulgo Character universalis et Lingua philosophica (London, 1661). Le sous-titre est significatif : Qua poterunt homines diversissimorum Idiomatum, spatio duarum septimanarum, omnia Animi sua sensa (in Rebus familiaribus) non minus intelligibiliter, sive scribendo sive loguendo, mutuo communicare, quam Linguis propriis vernaculis. Præterea hinc etiam poterunt Juvenes Philosophiæ Principia et veram Logicæ Praxin citius et facilius multo imbibere, quam ex vulgaribus Philosophorum scriptis. Cf. Lexicon grammatico-philosophicum, dans les papiers de Leibniz (Phil., VII, D, i, 1). George Dalgarno, né à Old-Aberdeen vers 1626, fut directeur d’école privée à Guernesey, puis à Oxford, et mourut en 1687. Il est l’auteur du Didascalocophus (1680), c’est-à-dire d’une méthode d’instruction pour les sourds-muets, et l’inventeur d’un alphabet de signes manuels. C’est, comme on voit, un précurseur de l’abbé de l’Épée.
  2. Cette classification a eu l’honneur de servir de guide et de modèle à Leibniz dans les tables de définitions qu’il dressait en vue de son Encyclopédie. Voir Couturat, La Logique de Leibniz, ch. V, § 24 ; et Opuscules et fragments inédits de Leibniz (Phil., VII, D, ii. 1-2, 3).
  3. Voyelle grecque : η (éta).
  4. Voyelle grecque : υ (upsilon).