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Page:Couvreur - Poésies, 1908.pdf/59

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LE XOANON


Le raide xoanon, enfermé dans sa gaine,
Gît sur le sol abrupt d’un roc de l’Archipel ;
Délaissé de la foule, il n’entend plus l’appel
Des dévots d’autrefois parlant en langue hellène.

Ses yeux inexpressifs, sous la splendeur du ciel,
Regardent fixement jusqu’à la mer sereine,
Où le vent d’Ionie à molle et tiède haleine
En passant fait fleurir un sourire immortel.

C’est l’humide chemin par où les nefs fleuries
Voguaient jadis, menant le chœur des théories,
Hommage triomphal pour la divinité.

Mais sur les flots déserts la musique s’est tue.
Nul ne vient couronner l’archaïque statue,
Seule dans le silence et l’immobilité.


1895.