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Page:Couvreur - Poésies, 1908.pdf/83

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C’est chez vous, les vaincus, que les pauvres humains
S’abreuveront au flot de l’éternelle Idée ;
Vers la terre que vos martyrs ont fécondée
S’en iront nos regards et se tendront nos mains.
Mais rien aux vainqueurs, rien ! Nous tournerons la tête ;
Nous les laisserons seuls ensevelir leurs morts.
Que seuls, se délectant à se sentir si forts,
Ils exploitent en paix leur sanglante conquête !
Qu’ils recueillent le prix du vol brutal : l’argent,
L’argent maudit, l’argent qui corrompt et qui souille.
Qu’ils s’en aillent, chargés de leur riche dépouille,
Tunique de Nessus attachée à leur flanc !
Pour eux pas un regard et pas une parole !
Mais à vous, chers vaincus, la pitié de nos cœurs,
L’hommage, le respect, le salut et les pleurs,
Tout ce qui glorifie et tout ce qui console !
Juin 1902.
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