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Page:Couvreur - Poésies, 1908.pdf/87

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LES MORTS DE BELGRADE
Pas d’insulte pour toi, couple triste et tragique !
Dans cette nuit d’horreur et fumante de sang,
C’est l’ombre du Destin, c’est son sinistre accent,
C’est le lugubre cri que le poète antique
Éveillait au palais d’Atrée en gémissant.
La terre sèche a bu la sanglante rosée ;
Les sabres altérés, acharnés sur les morts,
S’assouvissaient de meurtre et buvaient ; et les corps,
Frappés, hachés, jetés en bas par la croisée,
Gisent, lambeaux de chair effroyables, dehors.
Nuit sombre ! nuit de sang ! Les spectres lamentables,
Duncan dans son sommeil égorgé chez Macbeth,
Atride dans son bain, et le père d’Hamlet,
Tous étaient là, guettant de leurs yeux insondables,
Attirés par l’odeur nocturne du forfait.