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PRÉFACE


C’est un des agréments de cet exquis XVIIIe siècle que la réalité y montre souvent autant de fantaisie qu’une fiction. La vie de Crébillon fils, conteur libertin, est elle-même amusante comme un conte, toute pleine de péripéties et d’imprévu.

Crébillon le tragique, son père, Crébillon le barbare ainsi que Voltaire l’appelait, était, quoique fort honnête homme, un caractère singulier. De bonne heure il avait conquis la gloire par son théâtre dont la langue n’est pas très pure, mais qui ne manque point de force dramatique. Il régnait sur la scène par la terreur. On connaît son mot, qui n’est peut-être pas authentique : « Corneille avait pris le ciel, Racine la terre : il me restait l’enfer ; je m’y suis jeté à corps perdu. »

Ce dramaturge terrible avait d’ailleurs la mora-