Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
LE SOPHA

Ah ! Ciel ! » s’écria-t-elle en voyant l’homme qui entrait.

« Je fus presque aussi étonné qu’elle à la vue d’un homme que je ne connaissais pas. La colère et la surprise qui saisirent Zulica à l’aspect de l’homme qui venait d’entrer, l’empêchaient de parler.

— « Je sais, Madame, lui dit cet Indien d’un air respectueux, combien vous devez être étonnée de me voir. Je n’ignore pas davantage les raisons qui vous feraient désirer ici toute autre vue que la mienne. Si ma présence vous interdit, la vôtre ne me cause pas moins d’émotion. Je ne m’attendais pas que la personne à qui Mazulhim m’a prié de porter ses excuses, serait celle de toutes à qui (si j’avais eu le bonheur d’être à sa place) j’aurais voulu manquer le moins. Ce n’est pas cependant que Mazulhim soit coupable ; non, Madame, il sait tout ce qu’il doit à vos bontés ; il brûlait de venir à vos genoux vous parler de sa reconnaissance : des ordres cruels, auxquels même il a pensé désobéir, quelque sacrés qu’ils lui doivent être, l’ont arraché à d’aussi doux plaisirs. Il a cru devoir compter sur ma discrétion plus que sur celle d’un esclave, et n’a pas imaginé qu’il fallût mettre au hasard un secret où une personne telle que vous se trouve aussi particulièrement intéressée. »

« Zulica était si étonnée de ce qui lui arri-