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Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/219

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LE SOPHA

combien n’en est-il pas qui, loin de pouvoir le prendre pour excuse, font tout ce qu’elles peuvent pour qu’on ne puisse pas seulement les soupçonner de le connaître.

— « Il y a, repartit-il, bien peu de femmes assez équitables pour parler comme vous.

— « À quoi sert-il de vouloir dissimuler des choses aussi connues ? répondit-elle. Je vous dirai, pour moi, qu’autant je voudrais qu’on ménageât les femmes raisonnables, autant je voudrais qu’on accablât de mépris celles dont la conduite est du dernier délabrement. Toute faiblesse est excusable : mais, en vérité ! l’on ne peut trop condamner le vice.

— « On le condamne, répliqua-t-il, mais on le tolère ; le vice ne paraît ce qu’il est que dans celles qui ne sont point faites pour inspirer des désirs, et le plus grand agrément peut-être des femmes d’aujourd’hui est cet air indécent qui annonce qu’on en peut facilement triompher. »

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