Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/107

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cher si fortement à d’autres, & que vous ne m’ayez même jamais parlé de vos sentimens.

CLITANDRE.

Eh ! comment vouliez-vous que je fisse ? Lorsque nous nous connûmes, vous aimiez éperduement Damis. Il vous quitta, j’étois en Italie. Quand j’en revins, Éraste s’étoit attaché à vous. Si vous ne l’aviez pas encore, il vous plaisoit déjà. Quel tems donc pouvois-je prendre pour vous parler de ma tendresse ?

CIDALISE.

Vous faisiez bien de vous taire, puisque vous me croyiez prise ; mais vous auriez peut-être mieux fait de ne le pas croire si legérement. Il est encore naturel que je pense que si vous m’aviez aimée, vous auriez tâché de faire diversion. C’étoit du moins ce qu’un autre auroit fait ; mais chacun a ses maximes.