Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/123

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foiblir celles qui s’opposent à un goût qui nous est cher. Vous n’ignorez pas, quand vous voulez paroître penser de moi si désavantageusement, que je n’ai jamais eu le ridicule d’être homme à bonnes fortunes, ni d’attaquer, pour la seule gloire de vaincre, des femmes pour qui je ne sentois rien. Vous m’avez autrefois rendu volontairement cette justice ; mais les tems sont changés, & ce seroit en vain qu’aujourd’hui je l’attendrois de vous. Il faudroit pour l’obtenir, que je vous aimasse aussi peu que vous le desireriez.


En cet endroit il lui baise la main avec tendresse & respect, & continue jusqu’à ce qu’elle lui répond. De son côté elle l’écoute avec une extrême attention, & un air fort embarrassé.


Eh ! Madame, pourquoi me chercher des crimes ? pourquoi avoir la cruauté d’ajouter au mépris dont vous payez ma tendresse ? Vous ne