Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/164

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avez, si je ne me trompe, rassemblé les deux.

CIDALISE.

Je ne sçais pourquoi ; mais il me semble que j’aimerois mieux le partage de Célimene que le mien.

CLITANDRE.

C’est-à-dire, que vous voudriez être moins heureuse de la moitié que vous ne l’êtes. Soyez contente. À quelque point que les idées de Célimene s’enflammassent, & dans quelque volupté qu’elles sçussent la plonger, ce desordre ne lui suffisoit pas toujours. Quoiqu’elle eût le malheur d’être convaincue que les bornes que la nature lui avoit imposées, ne pouvoient se franchir, elle n’en desiroit pas moins cette jouissance entière que rien ne pouvoit lui procurer. Son imagination s’embrasoit ; elle se révoltoit contre la froideur de ses sens, & mettoit tout en usage pour la vaincre. Cette ardeur dont elle se sentoit brûler, & qui se répandoit