Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/178

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sur un sopha, fort négligemment étendue, vêtue plus négligemment encore. Un simple corset, dont les rubans étoient à demi dénoüés, un jupon fort court étoient ses seuls ajustemens. Sa tête étoit nue, & ses cheveux, ainsi que le reste de sa personne, étoient dans cette sorte de dérangement, mille fois plus piquant pour nous que quelque parure que ce soit, quand, comme chez elle, il est soutenu par tout ce que la propreté la plus recherchée, la jeunesse & les graces peuvent avoir de plus enchanteur. Vous sçavez combien elle est jolie. Elle m’avoit souvent tenté, & je le lui avois quelquefois dit en passant. Il me prit ce jour-là plus d’envie que jamais de lui dire encore. L’attitude, dans laquelle je la surprenois, étoit charmante, & je conseillerai à toute femme bien faite d’en prendre une pareille quand elle voudra faire la plus vive des impressions. Son jupon, sur-tout, lui couvroit assez peu les jambes. Elle ne l’ignoroit pas sans doute ;