Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/204

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menée, j’étois entré chez elle, nous ne fûmes pas plûtôt à sa porte, qu’elle reprit le ton majestueux, & me dit que cela étoit infâme, que de ses jours elle n’iroit en carosse avec moi, qu’elle ne m’auroit jamais cru capable d’une insolence pareille avec une femme de sa sorte. Je convins aisément que j’avois été trop vîte ; que je ne concevois pas moi-même comment j’avois osé lui manquer à ce point-là ; que j’en étois d’une honte horrible, d’autant plus que de pareilles façons n’étoient guères plus à mon usage qu’au sien, & que j’osois lui jurer qu’elle étoit la première avec qui je me fusse oublié à ce point-là. Je me doutois qu’une justification, aussi obligeamment tournée, ne lui plairoit pas, & je fus peu surpris de la voir me remercier, avec beaucoup d’aigreur, de la préference que je lui avois donnée. L’amour, le tendre amour fut encore mon excuse. Pendant qu’elle me querelloit, & qu’entre autres duretés elle me disoit que je la prenois appa-