Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/212

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peut-être qu’elle ne le croyoit elle même, fut toute sa réponse, & vous n’aurez pas de peine à deviner comment je remerciai sa bouche de ce soûris. Elle s’attendoit si peu à une familiarité de ce genre, qu’elle n’eut pas le tems de s’arranger de façon que je n’obtinsse que les apparences de la faveur que je lui ravissois, & que j’en joüis aussi délicieusement que si elle me l’eût accordée le plus volontairement du monde. Ce nouveau bonheur que je me procurois, (car vous pensez bien que dans le carrosse mille choses avoient été négligées) n’étoit pourtant pas sans contradiction. Si de tems en tems j’avois lieu de me loüer de l’indulgence de Luscinde, plus souvent même elle sçavoit me prouver que je ne lui faisois que violence ; & quoique je sentisse que le desir étoit en elle plus vrai que la colère, cette alternative me blessoit. Cependant comment le lui dire, sans lui rendre une liberté dont elle auroit pû abuser contre moi ? Il auroit fal-