Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/238

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trouver dans les siens, & ce seroit en vain que je me flatterois de le bannir un seul instant de votre cœur.

Non, Clitandre, me répondit-elle courageusement, vous ne vous abusez pas, je l’adore.

Et ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’en faisant à Oronte une si tendre déclaration, elle m’accabloit des plus ardentes caresses, & me donna même les plus fortes preuves de sensibilité qu’en ce moment-là je pusse attendre d’elle.

CIDALISE.

Et vous avez conclu de cette épreuve si honnête…

CLITANDRE.

Que les femmes disent plus vrai que nous ne croyons, quand elles affirment que les plaisirs les plus vifs ne font point oublier à une femme, qui pense avec une certaine délicatesse, l’objet dont elle a le cœur rempli, & que quand ce n’est pas lui qui les lui procure, il n’en