Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/78

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CLITANDRE,
En lui baisant respectueusement la main.

Ah ! Madame vous me percez le cœur. Je n’étois qu’à demi, s’il faut le dire, dans le dessein de passer chez vous. Je le voulois, je ne le voulois pas. Je craignois de prendre mal mon tems, & si vous me permettez d’être vrai jusqu’au bout, l’idée du rendez-vous, que je vous supposois, me tourmentoit au-delà de toute expression. Je n’ai jamais pû résister au desir de sçavoir si en effet vous en aviez donné un. Absorbé dans ma rêverie, je me suis machinalement laissé deshabiller ; je l’étois enfin quand je me suis déterminé à entrer chez vous. La confusion de mes idées, notre conversation qui a commencé sur le champ, une forte préoccupation ne m’ont pas permis de songer à l’état où j’étois, où j’ai le malheur d’être encore, & dont je vous demande autant de pardons que si