modeſtement, d’être arrivée à la perfection ; mais il eſl vrai que j’ai tout craint, ſur-tout ce déſœuvrement dont vous venez de parler, & ces livres, & ces ſpectacles pernicieux, qui ne peuvent qu’amollir l'ame. Oui, je le ſais, reprit-il ; & c’eſt à ce ſoin continuel de vous occuper, que vous devez principalement votre ſageſſe ; car (& je le vois par nous-mêmes) rien ne nous livre plus aux paſſions, que l’oiſiveté ; & ſi elle prend tant ſur nous, qui ſommes nés moins fragiles, jugez de ce qu’elle peut ſur vous. Il eſt vrai, répondit-elle, que nous avons tout à combattre. Infiniment plus que nous, repliqua-t-il ; & c’étoit ce que je vous diſois. Il faut, de plus, conſidérer que les femmes ſont toujours attaquées, & que (ſi vous en exceptez quelques-unes ſans pudeur & ſans principes, qui, même ſans aimer, oſent les premieres dire qu’elles aiment, ) il n’arrive pas, quelque corrompu que l’on ſoit aujourd’hui, que nous ayons à combattre ces ſoins, ces pleurs & cette obſtination, que nous employons tous les jours, contre les femmes, avec tant de ſuccès. D’ailleurs, ſi vous ajoutez aux hommages qu’on leur rend, l’exemple…… A cet égard, interrompit-elle, nous n’avons pas d’avantage ſur vous ; l’exemple doit même d’autant plus
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