Touché de mes remords, attendri par mes larmes,
Si Darius enfin, l'objet de tant d'ardeur,
De mes premiers dédains oubliant la rigueur,
Daignait en ce moment me confirmer lui-même
Qu'on ne m'abuse point quand on me dit qu'il m'aime !
Mon cœur toujours tremblant sur un espoir si doux,
Ne veut tenir, Seigneur, cet aveu que de vous.
Quoi, vous baissez les yeux ? Dieux, quel affreux silence !
Qu'ai-je dit ? Où m'emporte une vaine espérance ?
Quelle fureur nouvelle agitant tous les coeurs
A donc pu les remplir de si tristes erreurs ?
Ai-je bien entendu, Barsine, est-ce vous-même
Qui méprisez pour moi l'éclat du diadème ?
Vous, qui de tant d'amour dédaignant les transports...
Ah ! Ne redoublez point ma honte et mes remords,
Cessez de rappeler des injures passées
Que mes larmes, Seigneur, n'ont que trop effacées !
Mais vous qui m'accablez d'un reproche odieux,
Sans daigner seulement tourner sur moi les yeux,
Parlez, méritez-vous mon amour ou ma haine ?
Le roi m'abuse-t-il d'une espérance vaine ?
Comme il me l'a promis serez-vous mon époux ?
Dois-je enfin vous aimer, ou me venger de vous ?
Grands dieux ! Ce que j'ai vu, ce que je viens d'entendre,
Pouvait-il se prévoir, et peut-il se comprendre ?
Chaque mot, chaque instant redouble mon effroi.
Ah ! quel aveu, Madame, exigez-vous de moi ?
Peu digne de vos feux et de votre vengeance,
Pourquoi me forcez-vous à vous faire une offense ?
Mais je fus trop longtemps soumis à vos attraits
Pour vouloir vous tromper par d'indignes secrets :
Darius, ennemi d'une injuste contrainte,
Ne sait point en esclave appuyer une feinte.
Contre un fils malheureux Xerxès peut éclater,
Mais si de notre hymen il a pu vous flatter,
Madame, il vous a fait une mortelle injure :
Il ne peut nous unir sans devenir parjure.
Lui-même, à mon départ, confident d'autres feux,
Des serments les plus saints a scellé tous mes voeux ;
Enfin, c'est Amestris pour qui mon cœur soupire,