Que je puisse du moins, malgré tout mon courroux,
D'un reste de vertu vous rendre encore jaloux !
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Scène VIII
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Enfin le ciel, sensible aux souhaits d'Artaxerce,
Nous ramène un héros adoré de la Perse,
Le plus grand des mortels, et le plus généreux.
Mais de tous les mortels, ciel, le plus malheureux !
Ô mon cher Artaxerce, est-ce vous que j'embrasse ?
Venez-vous partager mes maux et ma disgrâce ?
Si vous saviez quel prix on gardait à ma foi !
De vos regrets, Seigneur, confident malgré moi,
J'en ai le cœur frappé des plus rudes atteintes.
Que je crains d'avoir part à de si justes plaintes !
Vous, mon frère ? Et pourquoi vous confondrais-je, hélas,
Avec tant de vertus parmi des coeurs ingrats ?
J'éprouverai longtemps une injuste colère
Avant que je me plaigne un moment de mon frère ;
Trop heureux que le sort m'ait laissé la douceur
De pouvoir dans son sein déposer ma douleur.
Quelque amour que pour vous fasse éclater mon père,
Il ne m'en rendra pas notre amitié moins chère.
Si je jouis jamais du pouvoir souverain,
Vous verrez si mon coeur vous la jurait en vain.
Ah ! Seigneur, je vois bien que Darius ignore
Toute l'horreur des maux qui l'attendent encore.
Je me reprocherais de laisser son grand cœur
Plus longtemps le jouet d'une funeste erreur ;
C'est trop de vos bontés vous-même être victime,
Il faut vous découvrir la main qui vous opprime ;
Et quelle main, grands dieux ! Mais qui, sans le vouloir,
De toutes vos vertus vous a ravi l'espoir.
Coupable seulement par mon obéissance,
Ne me soupçonnez pas d'avoir part à l'offense ;
Croyez que malgré moi l'on vous prive d'un rang