Et pour comble d'horreurs, condamné par mon frère !
Allons, c'est trop se plaindre, il faut remplir mon sort,
Et subir, sans frémir, la honte de ma mort.
Adieu, chère Amestris, ne versez plus de larmes ;
Contre cet inhumain, ce sont de faibles armes ;
Les coeurs ne sont plus faits ici pour s'attendrir.
Il faut nous séparer, Madame, il faut mourir.
Vous mourir ! Ah ! Seigneur, c'est en vain qu'un barbare...
Ôtez-moi ces objets, gardes, qu'on les sépare.
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Scène VII
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Arrête, Darius ; arrête, roi des rois,
Et sois, en frémissant, attentif à ma voix.
La justice du ciel, lente mais toujours sûre,
S'est lassée, à la fin, d'appuyer l'imposture.
Apprends un crime affreux qui te fera trembler...
Mais ce n'est pas à moi de te le révéler ;
Tu n'apprendras que trop une action si noire ;
C'est pour m'en épargner l'odieuse mémoire,
Pour n'en point partager et l'horreur, et l'affront,
Que ma main a fait choix du poison le plus prompt.
Tout ce qu'en ce moment Barsine te peut dire,
C'est qu'elle est innocente, et qu'Artaban expire.
Tysapherne qui vit, quoique prêt à mourir,
Complice du forfait, peut seul le découvrir.
À Darius
Adieu, prince ; je meurs à plaindre, mais contente
D'avoir pu conserver une tête innocente ;
Heureuse d'effacer, dans ces tristes moments,
Ce qu'un père cruel t'a causé de tourments.
Achevez, justes dieux, d'éclairer l'innocence,
Mais ne vous chargez point du soin de ma vengeance.
Qu'ai-je entendu, mon frère ? Et que dois-je penser ?
À m'aimer, à me plaindre, et ne plus m'offenser ;