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journal du siège de paris.

quitté Paris, dimanche matin, pour se rendre au quartier général du roi de Prusse, au château de Ferrières, est rentré à l’Hôtel de Ville hier soir. M. de Bismarck lui a proposé les conditions suivantes : abandon de l’Alsace et de la Lorraine, reddition de toutes les places fortes assiégées en ce moment. Devant l’insolence de semblables propositions M. J. Favre a dû se retirer. Toutes les chances de paix sont donc évanouies. Il ne reste plus qu’à vaincre ou à mourir. Cette décision du gouvernement provisoire de résister jusqu’à la mort a été accueillie avec enthousiasme par toute la population. Des manifestations nombreuses ont eu lieu à l’Hôtel de Ville pour féliciter le gouvernement. Comme le roi de Prusse refusait de reconnaître la légalité de la révolution du 4 septembre, on avait convoqué les collèges électoraux pour le 16 octobre d’abord, puis pour le 2 du même mois, afin que la France pût élire une constituante ayant les pouvoirs nécessaires pour traiter avec l’ennemi. Les exigences de la Prusse rendant la paix impossible, on demande au gouvernement de remettre les élections à une époque ultérieure. On dit qu’un décret dans ce sens paraîtra demain dans le journal officiel. — Le canon gronde toujours. Aujourd’hui, à Romainville, on a fait 300 uhlans prisonniers. La plaine d’Aubervilliers est couverte de cadavres et de blessés prussiens hachés par la mitrailleuse. Un des uhlans faits captifs hier disait à un de nos voisins qui était de garde à la porte de Belleville : « On nous a bien trompés. Nos chefs nous assuraient que Paris n’était pas