Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

307
journal du siège de paris.

seule défendue. Ces milliers de marchands en plein vent donnent un aspect très animé aux boulevards. Les articles de Paris se vendent à très bon marché. Le fabricant, ne pouvant plus expédier ni en province ni à l’étranger, ayant en magasin un fonds considérable qu’il est obligé de réaliser, s’il n’a pas les capitaux nécessaires pour attendre des jours meilleurs, vend au prix coûtant au petit marchand des rues, qui revend au détail au prix du gros en temps ordinaire. Il paraît qu’il y avait chez les parfumeurs un stock énorme de savons. À tous les coins des rues, on vous offre des savons parfumés, à trois et quatre sous, qui se vendaient six et huit sous avant le siège. Nous n’avons réellement pas de chance pour l’expédition de nos lettres par la voie aérienne. Depuis trois jours il n’y a pas un souffle de vent. Chaque matin, on essaie l’envoi d’un ballon monté, mais le calme plat de l’atmosphère ne permet pas de lâcher l’aérostat. Le combat de vendredi dernier, qui n’a eu qu’un résultat peu important, aurait pris les proportions d’une grande victoire si l’ennemi n’avait pas été renseigné d’avance par les journaux de jeudi matin sur la sortie qui devait avoir lieu le lendemain. Avec la liberté illimitée de la presse dont nous avons le malheur de jouir en ce moment, les rédacteurs de journaux vendraient leur mère pour donner une nouvelle à sensation. Il y a toujours un reporter quelconque qui est l’ami du secrétaire d’un membre du gouvernement provisoire. En buvant l’absinthe au café prochain, l’homme de confiance du mi-