Mercredi, 26 octobre. — Pluie toute la journée. Assiégés et assiégeants se tiennent tranquilles. Orléans est occupé par l’ennemi, mais il n’est pas incendié. Sur les 400,000 gardes nationaux, 45,000 seulement se sont offerts pour former les régiments de marche que le gouvernement a demandés à la bonne volonté des Parisiens, afin de pouvoir faire des sorties sérieuses contre les Prussiens. Je m’attendais à mieux que cela. Dans ce moment de crise suprême, tout homme valide, marié ou célibataire, devrait se faire un devoir de marcher volontairement à l’ennemi. Est-ce que les trois quarts des soldats de Guillaume ne sont pas des pères de famille ? Comment peut-on espérer de repousser l’invasion, si pour sauver la patrie, qui a déjà un pied dans la tombe, on n’a pas le courage de s’imposer les sacrifices que les envahisseurs s’imposent depuis trois mois ? Auraient-ils donc raison ceux qui prétendent que les Français sont dégénérés ? Les rumeurs sont nombreuses aujourd’hui. Le second fils de Victor-Emmanuel aurait accepté la couronne d’Espagne. Un habitant de Versailles aurait tiré sur le roi Guillaume sans le blesser. Bismark serait très malade de l’affection nerveuse qui a failli l’emporter il y a un an. Bourbaki formerait une armée dans le Nord pour aller débloquer Bazaine. Guillaume ferait venir d’Allemagne une nouvelle armée de 200,000 hommes pour renforcer celle de Paris, affaiblie par les corps qui s’en détachent tous les jours pour aller ravager les départements. Les fameux canons Krupp seraient enfin ar-