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journal du siège de paris.

retentissantes que Gambetta nous envoie de Tours et qui ne peuvent nous faire connaître l’état des esprits dans le reste de la France. Je ne puis croire, cependant, que le parti bonapartiste puisse rêver, par des moyens aussi indignes, la restauration du régime impérial. On annonce la mort de la reine d’Espagne, qui aurait été emportée subitement à Houlgate. On dit que les Allemands, au nombre de 12,000, ont envahi le Mans et occupent Laval. Rien d’officiel. Nous avons failli avoir une émeute à propos du charbon. Les cuisinières parisiennes emploient le charbon de bois. Comme ce combustible, devenu très rare, se vend aujourd’hui six francs le boisseau, un charbonnier a eu l’idée triomphante, mais passablement canaille, de vendre pour du vrai charbon, des petits morceaux de bois trempés dans l’encre. Colère parfaitement justifiée des ménagères, qui veulent écharper l’Auvergnat coupable de cette mauvaise et malhonnête plaisanterie. Rassemblement, bousculades, enfin arrivée de la garde nationale, qui empoigne le charbonnier et ferme sa boutique. Les clubs continuent à étonner les natifs. Celui des partisans de Blanqui, à la Barrière-Blanche, a décidé à l’unanimité que le citoyen général Trochu serait invité à soumettre tous ses plans, même les plus secrets, à la discussion et à l’approbation des clubs.

Samedi soir, 29 octobre. — Temps sombre le matin, pluie battante pendant l’après-midi. Les Prussiens, au nombre de 20,000, avec trente pièces de canon, ont essayé par cinq fois de reprendre le Bourget. Cons-