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journal du siège de paris.

défense nationale s’opposeraient à la réalisation de ce projet, qui laisserait 100,000 hommes sur le champ de bataille, cette formidable hécatombe n’ayant aucune chance de sauver la situation, qui serait irrévocablement perdue. Tout cela est-il vrai ? J’espère que non. Il faut pourtant que, d’ici à quelques jours, on prenne une résolution suprême, car on dira bientôt au gouvernement : « La famine est à nos portes et vous délibérez ! » Ma tête est beaucoup mieux aujourd’hui.

Jeudi soir, 10 novembre. — Pluie toute la journée. Rien d’important au point de vue militaire. Ce matin, le gouvernement annonce dans l’Officiel qu’il n’a pas reçu de nouvelles de Tours depuis le 26 octobre. On dit que les Prussiens ont fait venir des faucons de Hollande, et que ces ennemis héréditaires des pigeons font la chasse aux messagers aériens. Aucuns disent que la délégation envoyée à Tours a rompu toute relation avec le gouvernement de Paris et qu’elle gouverne maintenant pour son propre compte. En ce moment, il y aurait une douzaine de dictateurs en France, puisque Marseille, Lyon, Bordeaux, Toulouse, ont chacun un gouvernement indépendant qui ne reconnaît plus l’autorité de la capitale. Dans l’Ouest, quatorze départements acclameraient Henri V. En Normandie, on crie : Vive Louis-Philippe II ! Plaise à Dieu que l’unité de la France ne sombre pas au milieu de toutes ces dissensions ! Les gens de Belleville ont élu pour maire un nommé Ranvier, compromis dans l’affaire du 31 octobre et qui a été arrêté le 4 novem-