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journal du siège de paris.

nistre de Napoléon III. Son fils a été tué, le 30 octobre, à l’affaire du Bourget. Le Daily Telegraph du 3 novembre a pu arriver à Paris. Il nous apporte des nouvelles très graves. Dijon, après un combat de huit heures, a été pris par les Prussiens. Bazaine se serait rendu quand il avait encore des munitions et des provisions pour un mois. Il serait maintenant auprès de l’empereur avec Canrobert et Lebœuf. Esquiros, à Marseille, veut se séparer du gouvernement de Paris et fonder la république de la vallée du Rhône. Si toutes ces rumeurs sont fondées, nous avons en perspective une guerre civile qui pourrait bien amener le démembrement définitif de la France. Notre vieille patrie devra-t-elle subir le sort de la Pologne ? Le général Trochu vient encore de lancer une proclamation interminable, qui ne prouve pas grand’chose. Quel faiseur de phrases que ce gouverneur de Paris ! On annonce que Rochefort va faire de nouveau paraître sa Lanterne. Qui diable pourra-t-il bien éreinter maintenant ? Ses ex-collègues du gouvernement ? Les journaux de ce matin annoncent qu’un second ballon est tombé entre les mains des Prussiens. J’en suis désolé, car s’il vous portait encore une lettre de moi, vous serez quinze ou vingt jours sans recevoir de mes nouvelles. Je vous écris régulièrement chaque semaine. Deux rumeurs excellentes. Bourbaki aurait repris Chartres, et le vainqueur d’Orléans, Aurelle de Paladines, aurait opéré sa jonction avec Kératry, qui commande l’armée de l’Ouest.