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journal du siège de paris.

Comme le rossignol de Millevoye, Blanqui est maintenant sans voix.

Vendredi soir, 9 décembre. — Le froid, qui nous avait quittés pendant un jour, est revenu plus intense que jamais. Les forts semblent avoir pris l’habitude du silence. Nous sommes toujours sans nouvelles de la province. La défaite de l’armée de la Loire, annoncée avec tant de complaisance par M. de Moltke, demeure toujours à l’état de problème. Où est Bourbaki ? Kératry est-il réellement à Montlhéry ? On dit que d’Aurelle de Paladines est à Fontainebleau avec la droite et le centre de l’armée de la Loire. Malheureusement, ces bruits ne sont pas confirmés par l’Officiel, qui devient silencieux comme la tombe. Aucuns prétendent que le gouvernement a bien reçu des nouvelles, mais que ces nouvelles sont désastreuses, et que les chefs militaires, voulant faire une sortie désespérée, ne veulent pas décourager les soldats en leur faisant connaître les défaites des armées de la province. Cette rumeur doit être mise en circulation par les pessimistes. Autre cancan. Les Prussiens auraient évacué Versailles après avoir mis le feu au palais de Louis XIV. Je n’en crois pas un mot.

Samedi soir, 10 décembre. — Froid à pierre fendre. Rien comme opérations militaires. Toujours sans nouvelles de Tours. Les Prussiens nous ont envoyé de Versailles deux pigeons qui nous ont apporté des nouvelles désastreuses de la province. Ces dépêches, écrites dans un français allemand, font rire les Parisiens