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journal du siège de paris.

sitôt que l’armée de l’Auvergne aura fait sa jonction avec les forces de Bourbaki. En somme, la situation n’est pas mauvaise. Avec de la persévérance et de l’abnégation, la France peut encore espérer le triomphe définitif. Ici, nous allons mettre flamberge au vent avant trois jours. La fermeture de toutes les portes, signe précurseur de toutes les grandes sorties, est affichée sur les murs. Mardi ou mercredi, nous aurons certainement une tempête de balles et de boulets sous les murs de Paris. Toutes les voitures d’ambulance sont consignées pour demain. Le lieutenant d’artillerie avec qui j’avais fait une excursion extra muros pendant la bataille du 13 octobre, part à minuit, avec quatre batteries de mitrailleuses, pour aller occuper un poste qu’il ne connaît pas encore lui-même. Il ne le connaîtra que lorsqu’il aura dépassé la ligne des forts. C’est le seul moyen de garder le secret des opérations.

Lundi soir, 19 décembre. — Temps sombre. Silence sur toute la ligne. Grands mouvements de troupes. On dit que d’Aurelle de Paladines a perdu son commandement depuis l’évacuation d’Orléans par son armée. Du reste, Gambetta ne fait plus mention de lui dans ses dernières dépêches. Autre rumeur. L’armée française aurait battu l’armée prussienne à Beaugency et aurait fait 15,000 prisonniers. La viande de chien et de chat continue à faire le bonheur des petites bourses. On voit maintenant dans les rues des petites voitures, avec clochettes pour appeler les passants, qui sont de vé-