armistice de quarante-huit heures pour relever ses blessés et enterrer ses morts. Sur les 150,000 hommes qui sont sortis, 25,000 seulement ont donné, les 125,000 autres n’ont pas brûlé une cartouche. Pourquoi ? Je n’y comprends rien. Pensez si les cris : À la trahison ! sont plus nombreux que jamais. Un malheur ne vient jamais seul. Un pigeon est arrivé ce matin. Il nous apprend la défaite de Chanzy, qui, après avoir laissé 28,000 prisonniers et 12 batteries de canons aux mains de l’ennemi, a été obligé de se réfugier derrière la Mayenne. Dans l’Est, Bourbaki tient encore. À moins d’un miracle, tout est décidément bien perdu.
Samedi, 21 janvier. — Temps doux. Le bombardement continue avec une grande violence. Le mécontentement est général contre Trochu, qui n’a pas su, depuis cinq mois, remporter une seule victoire. Où sont les acclamations enthousiastes du 13 septembre, quand il passait en revue les gardes nationaux ? Mais où sont les neiges d’antan ? Hier soir, les clubs de Belleville et de la Villette ont été d’une violence extrême contre les hommes du 4 septembre ; on craint une émeute. La misère va augmentant chaque jour. En ce moment, le gouvernement nourrit gratuitement 623,000 personnes. Quand je dis nourrit, j’entends qu’il les empêche à peu près de mourir de faim, en leur donnant quelques onces de riz et une demi-livre de pain noir. Trochu avait déclaré officiellement qu’il ne capitulerait jamais. Le gouvernement vient d’abolir la position de gouverneur de Paris. Le général Trochu