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journal du siège de paris.

destinées de la patrie. Jamais ils n’avaient regardé comme possible le démembrement de la France par la Prusse. D’ailleurs ils ne connaissaient pas plus que l’entourage de l’empereur les préparatifs formidables de Bismark. À dater de Sadowa, la presse républicaine ne cessa de pleurer sur l’humiliation de la France. Napoléon III, disait-elle, traînait dans la boue le drapeau tricolore, ce drapeau que les géants de 92 avaient promené par toute l’Europe ; bientôt la patrie ne serait plus qu’une vassale de l’empire germanique, etc., etc.

Tandis qu’elle excitait ainsi l’opinion publique dans ses journaux, la gauche refusait au ministre de la guerre les fonds nécessaires pour se préparer à prendre la revanche de Sadowa, cette revanche que demandaient avec tant d’ardeur les écrivains de son parti. Le but de ce double jeu est facile à deviner. L’opposition se disait : — Ou Napoléon III fera la guerre à la Prusse ou il ne la fera pas. S’il ne la fait pas, nous le renverserons en soulevant contre lui le sentiment national, froissé et humilié par les agrandissements de la Prusse. Si, au contraire, malgré le refus de la chambre de voter les crédits demandés, Napoléon fait la guerre à Guillaume, il y a gros à parier qu’il sera battu. Vaincu, il est détrôné par le peuple. Nous proclamons la république, et, renouvelant les grands jours de la Convention, nous repoussons l’Allemand victorieux et fraternisons avec la démocratie allemande. — Comme celui de Thiers, ce petit calcul de partisan, mais non