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dernières lettres.

chotte de la démocratie radicale, il courait le monde pour soulager les douleurs du peuple souverain. Il avait armé à ses frais une compagnie de palicares pour aller combattre en Crête l’autorité du sultan. Mêlé à tous les complots contre Napoléon III, il a été condamné à mort trois ou quatre fois par contumace. Cette vie agitée et fiévreuse a été tranchée à Rueil par le sabre d’un officier de gendarmerie qui, d’un seul coup, lui a défoncé le crâne. C’était le seul honnête homme de la bande, aussi il s’est fait tuer après s’être battu bravement. Pour les autres chefs, les quatre cinquièmes ont eu des malheurs en police correctionnelle, quelques-uns même en cour d’assises.

Le bruit court ici que l’on se bat dans l’avenue de la Grande-Armée et que les troupes de Versailles sont en ce moment dans Paris. Il paraît que l’on pille maintenant les maisons particulières. J’ai laissé à Paris quelques vieilles nippes et pour une centaine de francs de livres, achetés pour Joseph dans le cours de l’été dernier et que l’investissement m’a empêché d’expédier. Je ne crois pas que les communeux jettent un regard de concupiscence sur ces bouquins. Ce qu’il leur faut, ce sont les victuailles, les billets de banque et les belles robes de soie pour mesdames leurs épouses, toutes choses qui sont aussi rares dans ma chambre que le merle blanc.

M. Thiers est obligé d’agir rapidement et vigoureusement, car les Prussiens le poussent l’épée dans les reins. Bismark veut être payé de ses cinq milliards et