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dernières lettres.

Lundi, 28 août 1876.

Quel drôle de temps nous avons ! Il fait presque froid. Dans la nuit de samedi à dimanche, le thermomètre a descendu à dix degrés, une température d’hiver. Ce changement cause beaucoup de cas de cholérine. Pour moi, depuis que le temps est revenu au frais, je me porte bien,

Bordeaux n’est pas une ville renommée pour ses églises. On cite partout Rouen, Strasbourg, Amiens, Tours, Bourges, etc., mais on ne parle jamais de Bordeaux en fait d’architecture religieuse. La cathédrale de Saint-André est ce qu’il y a de mieux, mais elle ne saurait être comparée aux églises des villes que je viens de nommer. Saint-Michel est fort joli et sa tour est très belle. Les autres églises, à l’exception du portail de Sainte-Croix, n’ont aucune espèce de cachet. Les carmes viennent de construire dans le quartier des Chartreux une assez grande église, style moitié ogival et moitié byzantin. C’est joli, mais ce n’est pas de la grande architecture.

À l’exception d’un dominicain que j’ai entendu à Notre-Dame pendant le carême, les prédicateurs de Bordeaux ne s’élèvent pas au-dessus de la moyenne. Ils ne sont pas, pour le fond et pour la forme, supérieurs aux nôtres, mais ils font plus d’effet sur la masse, avec leurs voix tonnantes et leurs gestes méridionaux. Pour ceux qui ne se laissent pas monter la tête par ces procédés purement physiques, ils ne sont pas plus malins que nos prêtres canadiens.