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octave crémazie

été immortalisé dans un des romans de Fenimore Cooper ? Je n’y joue pas cependant un rôle bien glorieux. Il m’avait choisi pour son éditeur à Paris, et nous étions liés d’affaires et d’amitié, lorsqu’un malentendu, survenu à propos de droits d’auteur, mit du froid entre nous. Cooper était irrité de la prétendue injustice que je lui avais faite, et il s’en vengea dans son Pioneer en donnant le nom d’Hector au chien de son héros. Il s’amusa bien avec moi de cette malice, quand le malentendu fut expliqué.

La bibliothèque de M. Bossange, fruit d’un demi-siècle de collection, est une des plus précieuses qu’on puisse voir en fait de livres et de documents sur l’Amérique.

Revenu à Paris, j’eus peine à m’arracher de Crémazie pour faire le pèlerinage de Lourdes, qui était le but de mon voyage. Après un séjour à Nîmes auprès de l’abbé Bouchy, mon ancien professeur au collège de Sainte-Anne, alors précepteur chez la comtesse de Régis, et une course à travers les montagnes de la Suisse, je revins consacrer tout le reste de mon voyage à Crémazie. Avec quelle joie il salua mon retour ! Il lui semblait revoir le Canada.

Jusqu’au printemps, nous fûmes inséparables ; le jour, variant nos promenades d’une place ou d’un monument à l’autre, ce qui lui rappelait mille anecdotes de ce Paris qu’il connaissait sur le bout de son doigt, selon son expression ordinaire ; le soir, dans sa mansarde, les pieds sur les chenets, devant sa grille où